(Citation faite en 1989 des carnets de 1976). Pourquoi s'infliger cette blessure qu'est la circoncision? Derrida ne se satisfait pas des explications psychanalytiques par le père (Freud) ou par la mère (Bettelheim). Il est à la recherche d'une autre étiologie qui lui permettrait de recoudre ses textes [autour de la circoncision].

La circoncision est un stratagème pour une alliance hétéronomique. Il n'y a pas de vérité pour la soutenir. Là où le prépuce ne recouvre plus, le Juif est exposé à l'extériorité. Il se protège comme il le peut, par l'intériorité, le pseudonyme, l'ironie, le détour [ou le retrait] ou par un surcroît de vêtements, ou encore par des rites, le rassemblement dans une famille, [la religion], ou encore par ses écrits qui sont aussi les schizes de sa circoncision. Derrida, pour ce qui le concerne, stocke ses écrits dans son ordinateur (qu'il a surnommé : le subjectile - terme d'Artaud). Le disque dur n'oublie rien, il a une structure anamnésique.

Autre alliance hétéronomique : avec la mort (p130) - comme Derrida victime d'une paralysie faciale au moment de l'agonie de sa mère.

Comment faire une confession qui n'aurait rien à voir avec la vérité? Question paradoxale qui est précisément celle que pose Derrida (p126). Quel rapport avec la circoncision? En jetant le prépuce, cet anneau, le Juif aurait rejeté aussi la vérité (celle du discours). Le juif nu, c'est un Juif qui tente de se passer de cette vérité. Il s'expose à l'hétéros : ce qui l'affecte sans la protection de la vérité.

Sans l'aide de la vérité, le juif circoncis est plus nu.