En janvier 1890, reclus dans l'asile Saint-Paul-de-Mausole à Saint-Rémy-de-Provence, Van Gogh n'a pas accès à des modèles vivants. Il recopie des gravures de maîtres : ici Les Quatre Heures de la journée de Millet.

Il y a, près des dormeurs, deux faucilles et une seule paire de sabots. La jeune femme a gardé les siennes. Contrairement aux premiers sabots peints par Van Gogh en 1881, ceux-ci sont liés à leur usage. Ce sont des instruments, mais ils témoignent en même temps de l'humanité des faucheurs - leur couleur est la même que celle des vêtements.

Le couple est épuisé, trop épuisé pour se parler. Ce n'est pas une scène d'amour, c'est une scène de travail, mais calme, presque heureuse, pas comme les scènes qu'il dessinait au Borinage dix ans plus tôt. La fatigue est touchante, mais le silence reposant n'est pas tragique.

Van Gogh s'identifiait à Jean-François Millet, qui a dessiné ou peint de nombreux sabots dans ses oeuvres.

La Sieste, d'après Millet (Van Gogh, 1890)

Van Gogh s'éloigne peu de la Méridienne de Millet pour les formes et la composition, mais beaucoup pour la couleur. Son jaune est presque pur. Les mains, les pieds et les visages se fondent dans le foin de la meule, en contraste avec le bleu des vêtements, des sabots et du ciel. Alors que les vêtements des paysans de Millet sont salis par la terre et l'usage, ceux de Van Gogh sont gais, lumineux.