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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Derrida, la peinture | Derrida, la peinture | ||||||||||||||||
Sources (*) : | Van Gogh, la différance | Van Gogh, la différance | |||||||||||||||
Jacques Derrida - "La vérité en peinture", Ed : Flammarion, 1978, p415 - Restitutions de la vérité en pointure Vieux Souliers aux lacets, detail (Van Gogh, 1886) - |
Derrida, la lettre | Il appartient à la structure d'une oeuvre de n'arriver pas toujours à destination : nul ne peut s'ajuster à sa pointure, pas plus qu'à celle des "Souliers" de Van Gogh |
Derrida, la lettre | ||||||||||||||
L'oeuvre, sa restance | L'oeuvre, sa restance | ||||||||||||||||
Derrida, envois, destinations | Derrida, envois, destinations | ||||||||||||||||
Derrida, la marche, le pas | Derrida, la marche, le pas | ||||||||||||||||
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On croit parfois que le titre du quatrième texte de La Vérité en peinture contient une faute de frappe : Restitutions, De la vérité en pointure. Mais non, c'est bien « pointure » que Derrida a voulu écrire, et non pas « peinture ». Pourquoi substituer "pointure" à "peinture"? Une façon peut-être, de se moquer de la vérité, en tous cas en peinture, et de ceux qui y croient, philosophes et historiens de l'art. Une pointure, au sens le plus courant, est une unité de mesure exprimée en points, utilisée pour les chaussures, les gants et les chapeaux. "Trouver botte à sa pointure", c'est trouver quelque chose ou quelqu'un qui corresponde exactement à ce que l'on recherche. Mais en citant le Littré (p291), Derrida attire l'attention sur l'étymologie du mot : "Synonyme ancien de piqure". En imprimerie, c'est une "petite lame de fer qui porte une pointe et qui sert à fixer sur le tympan la feuille à imprimer"; ou "un trou qu'elle fait dans le panier". La signification du mot est donc double : - un ajustement, une correspondance - comme il y a "correspondance" (dans les deux sens du terme) entre Heidegger et Schapiro. Attribuer une pointure à une oeuvre, c'est lui assigner un nom, lui attribuer un sujet (ou l'attribuer à un sujet), la lacer autour de points strictement déterminés, l'appointer (lui donner rendez-vous). C'est établir un contrat d'appropriation, d'identification. Chacun chausse l'oeuvre à sa pointure, ou plutôt à ses fantômes, à son inconscient ou à l'inconscient de l'autre. - une pointe, un trou qui contribue à l'ajustement, tout en laissant une certaine ouverture. Sous cet angle, la pointure peut être rapprochée de ce que Derrida appelle dans le même texte (et dans d'autres) une stricture. La pointure (au sens de piqure) troue la toile, elle pique sa surface, la traverse, et revient sur elle-même pour fermer le cercle, tout en le laissant entr'ouvert. Dans le tableau le plus célèbre de Souliers de Van Gogh (ci-contre), le lacet ouvert est dessiné à la place de la signature. |
- mais il y a, dans la description derridienne, une troisième signification. Par rapport à la chaussure peinte, le lacet passe par l'oeillet et devient invisible avant de revenir au regard (première "pointure"). Il est dans/hors la chaussure, il s'approche et s'éloigne, comme dans le Fort/Da de Freud. Ce lacet passe aussi, pour le regardeur, de l'autre côté de la toile (deuxième "pointure"). Ces deux pointures, selon Derrida, n'en font qu'une. En plus des deux pointures dont le sens est conventionnel, se met en place une autre pointure, double, supplémentaire, une autre texture d'invisibilité qui, dans luvre même, subvertit les limites (désuvrement). Laporie est irréductible. On ne peut la résoudre ni par pointure. ni par pointe. Le mot est choisi par Derrida pour son ambigüité: un sens courant (la pointure dune chaussure), un sens plus rare, spécialisé (la piqure), et un troisième sens, plus instable. Dans l«uvre performative» comme dans la «peinture à luvre», il est impossible de suturer la pointure. Le principe à luvre (inconditionnel), cest quon ne peut que la recoudre, lentrelacer, laisser opérer son débordement. --- Détail des "Vieux Souliers aux lacets" de Van Gogh (1886), en noir et blanc.
Schapiro et Heidegger, qui veulent s'approprier le tableau de Van Gogh, tentent de le restituer à qui de droit : le citadin errant pour l'un, le paysan pour l'autre. Mais les souliers ne se laissent pas faire. D'abord il n'est pas évident qu'ils fassent paire : ils sont comme la lettre qui, contrairement aux affirmations de Lacan, n'est pas indivisible, ne revient pas nécessairement à son point de départ, et n'arrive pas nécessairement quelque part. Dans les deux cas la structure est la même : restante. La chaussure est une revenante, un reste de rien, de pas, de vestiges, de traces. Le savoir académique essaie de mettre un peu d'ordre, de faire la police, mais sans succès. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Derrida DerridaPeinture FM.LFF VanGoghDifferanceEL.LLO DerridaLettrePV.LLV ArchiOeuvreResteEQ.LLD DerridaDestinationDV.LDF DerridaMarcheEP.LLO WGoghSoulier Rang = QVanGoghDestinGenre = MR - IA |
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