Nombre de formes de l'architecture postmoderne sont héritées de modes de production antérieurs. Les architraves, colonnes, arcs, linteaux, lucarnes, sont reconnaissables fragmentés et dispersés dans les bâtiments, relativement bien conservés, comme s'ils étaient en suspension miraculeuse, en libre lévitation, dispersés dans une poussière d'espace vides, où comme s'ils flottaient à la façon d'objets surréalistes, chacun en position de signe ou de logo pour l'architecture. Ces éléments d'appartenance au passé sont intégrés dans l'immeuble à la façon dont un texte est pris dans un intertexte, ce dernier assimilant le "texte premier" à sa propre substance tout en lui conservant une existence semi-autonome.
L'originalité postmoderniste est fondée paradoxalement sur la renonciation au nouveau, sur l'abandon du grand mythe moderniste de production d'un espace capable de transformer le monde, sur l'homogénéisation d'une époque où l'ancien est réduit au pastiche, au simulacre ou à l'effet de mode. Toutes les formes de culture tendent à fusionner.
En usant et abusant de l'autocitation, Marcel Duchamp a greffé dans l'art la tendance à la rotation incessante des mêmes éléments, qui caractérise aussi la vidéo.
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L'Orloeuvre aussi procède par greffage. En répétant des fragments, elle fait (comme Echo répondant à Narcisse) oeuvre à son tour.
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