Il y a une relation entre itérabilité et altérité, comme le montre l'étymologie du mot [Citation de J. D.] : "Iter, derechef, viendrait de itara, autre en sanskrit, et tout ce qui suit peut être lu comme l'exploitation de cette logique qui lie la répétition à l'altérité". On trouve dans cette petite précision mise entre parenthèses une sorte de clef de la conception derridienne de l'altérité. Ce qui constitue l'écriture est sa lisibilité, c'est-à-dire la possibilité que la marque soit re-marquée par un autre.

Au moment où j'écris, le destinataire peut être absent de mon champ de perception présente. Même s'il disparaît complètement, mon écrit reste lisible. La structure de la marque implique que le contexte de l'écriture [par le producteur] est détruit. L'autorité attachée au code correspondant est défaite : c'est à l'autre [le lecteur] de faire jouer un code, dans un autre contexte. Le signataire ne répond plus de son intention, de ce qu'il "veut dire" consciemment. Dès sa naissance, l'écriture dérive, elle est orpheline et séparée de l'assistance de son père.