Supposons que ce verre soit la vitrine d'un magasin. On trouve en bas des objets représentés selon les règles minutieuses de la perspective. Quels objets? Une glissière? Une broyeuse de chocolat? Pas seulement, car il y a aussi les neuf célibataires, des êtres désirants, amoureux et souffrants, séparés à jamais du royaume supérieur. Et qu'arrive-t-il à la future mariée? Apparemment, elle est pendue. Triste sort. N'y aurait-il aucune communication entre eux? Si, tout de même. A droite, on voit monter et redescendre des objets indéterminés, essence d'amour ou substance éjaculative.

Malgré les machines, le Verre donne une impression d'attente et d'immobilité. Duchamp a appelé son oeuvre un "retard en verre".

Presque tous les détails du Grand Verre citent d'autres oeuvres de Duchamp : le passage de la Vierge à la mariée, le réseau des stoppages étalon, la glissière, la broyeuse de chocolat, les moules mâlic, et même le gaz d'éclairage de son oeuvre posthume. Plus tard, il ne cessera de citer cette oeuvre, d'y faire allusion, directement ou a contrario, de la reprendre et de la montrer dans ses différentes boîtes.

La mariée [en haut] mise à nu par les célibataires [en bas], même - dite aussi le Grand Verre.