Trois fois, Artaud utilise le mot "subjectile" pour parler de ses dessins. Chaque fois est unique, à une certaine date, en relation avec l'émergence ou l'incubation d'un certain dessin. Avant d'être appelé, avant de recevoir un nom, à l'instant où il nait, où il n'est pas encore, le dessin ne se distingue pas du subjectile (son support). C'est un coup de force, un forçage de la langue. L'oeuvre naît à même le subjectile, dans une expérience manuelle (celle du dessin/écrit) où la subjectivité est transpercée, perforée, la langue est rendue folle : elle est forcenée, elle en perd la raison.

Au mot support, qu'utilise le dictionnaire, Derrida substitue le mot corps. Le subjectile est le corps de l'oeuvre. C'est un corps visible mais qu'on ne peut pas toucher, qu'on ne peut pas voir intact : un corps étranger, qu'on ne nomme dans la langue que dans un corps-à-corps.

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Texte écrit sur une page de cahier en mai 1947 : "Je suis celui d'avant le crime et qui en réalité n'ai jamais été touché par lui le crime - ne suis pas tombé mais ai horriblement souffert pour faire que les choses en reviennent intégralement à leur ordre"