Derrida
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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, le subjectile                     Derrida, le subjectile
Sources (*) : CinéAnalyse : en s'écrivant à même le subjectile               CinéAnalyse : en s'écrivant à même le subjectile
Jacques Derrida - "Forcener le subjectile", Ed : Gallimard, 1986, p57

 

Subjectile -

Derrida, la traduction

"Subjectile", ce mot intraduisible, est lui-même un subjectile

Derrida, la traduction
   
   
   
               
                       

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En 1932, quand Artaud, l'a utilisé pour la première fois, le mot "subjectile" n'était pas d'usage courant. Comment le définir? Selon les dictionnaires, il appartient au code de la peinture. C'est ce qui est couché dessous (sous la peinture ou sous la sculpture), ce qui n'a pas encore de forme, pas encore un sens et n'est pas représentable. Mais ce qu'il signifie pour Artaud, il faudrait le traduire - or c'est intraduisible (tel est l'axiome de Derrida : Le subjectile est intraduisible).

"Sur le subjectile il faudrait, oui, il faudrait écrire l'intraduisible. Ecrire selon la nouvelle phrase, mais discrètement car la résistance à la traduction, quand elle est organisée, fracassante, spectaculaire, nous la savons d'avance rapatriée. En vérité son secret doit se partager avec le seul traducteur. Un subjectile paraît intraduisible, voilà l'axiome, il organise le corps-à-corps avec Artaud" (Forcener le subjectile, pp56-57).

Le subjectile est à l'oeuvre dans la pensée graphique d'Artaud, il appartient à sa dramaturgie. Ce n'est pas un support, un substrat ou une substance, c'est qui vient les hanter, une frontière de textile, papier, voile ou toile qui n'a pas d'autre consistance que d'être un entre-deux, un corps étranger, une limite qui, à peine instituée, est entamée et franchie.

On ne sait pas ce qu'est le subjectile, et on le trahit facilement. Evénement unique, non répétable, qui se produit à chaque oeuvre peint ou dessiné d'Artaud, il ne traverse pas la frontière de la langue française. En quelque langue que ce soit, il restera un corps étranger, aussi intraduisible que les mots et les phrases qui y sont incorporés. C'est le support même de la langue - un support à même la langue -, ce sujet sans sujet qu'on "appelle" subjectile.

 

 

La question de l'oeuvre tourmente Artaud; et c'est aussi cette question qui tourmente Derrida dans Artaud - et qui explique qu'il ait choisi d'axer sa lecture sur le subjectile, corps de l'oeuvre.

 


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