Artaud est malade, mais l'homme d'aujourd'hui aussi est malade. Artaud est fou, mais l'homme d'aujourd'hui aussi est fou. La pensée d'aujourd'hui est malade et folle : voilà ce que dit Artaud, et on ne peut pas lui donner tort. Cette pensée nous hante, comme nous hantent celles de Genet, Bataille, Mallarmé.

Les questions posées par Artaud, celles de l'être et du jeter, ne sont pas philosophiques. Bien qu'il ait été enfermé, il n'a jamais habité nulle part - sauf peut-être notre époque. Dans la formulation : sa pensée situe l'un des enjeux les plus décisifs de notre époque, quel est l'enjeu? Comment habiter ou ne pas habiter un monde dont on s'exclut? Il faut entendre cette voix qui appelle le lieu qui précède tout texte, le lieu de la différance ou de la khôra.

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Cette formulation invite à poser la question : Qu'est-ce que la pensée? En quoi se distingue-t-elle de la philosophie? Une hypothèse : elle contribue à définir ce qui, aujourd'hui, fait oeuvre. Artaud prend acte du nouveau statut de l'oeuvre, qui n'entre dans aucun genre ni aucun système des Beaux-Arts, ne se soumet ni à une finalité, ni à une histoire, ni à un logos, ni même au langage.