Artaud se déchaîne compulsivement contre le monde. Il l'exècre, l'expulse, il porte contre lui des coups violents, mais comme il l'intériorise aussi, c'est contre lui-même [Artaud le subjectile], ses textes et ses dessins, qu'il se déchaîne. De quoi est-il le symptôme? De quelle vérité? Derrida explique que, pour l'entendre, il faudrait refondre de fond en comble nos modes de lecture. Cette pensée à venir qu'Artaud assène à coups de marteau, qu'il repère dans la foudre et voudrait imposer au théatre, cette pensée-événement est d'avant le langage (ou d'après). "Et qui/aujourd'hui/dira/quoi?" Ses interjections, ses glossolalies, ses blasphèmes, aujourd'hui sanctuarisés dans les musées, dont Derrida se sent le gardien, [comme si la garde des musées était insuffisante, inadéquate], on ne peut les entendre en les répétant. Que dit Artaud? Que seule est digne la parole qui n'a lieu qu'une fois.