On trouve dans les Annonciations du Quattrocento des pans frontaux informes ou marbrés dans la partie basse des tableaux (exemple : la Madone des Ombres de Fra Angelico), des sols marbrés ou colorés (exemple : l'Annonciation du Prado du même Fra Angelico) et aussi des sols pavés selon les règles de la perspective. Dans cette Annonciation de Piero della Francesca, une perspective rigoureuse est combinée avec un plan de marbre peint qui n'est pas horizontal, mais vertical. Une sorte de mur infranchissable nous fait face.

Ce pan vertical, qui ne représente rien, figure le mystère, l'expérience incommensurable du Christ. L'ange, séparé de Marie par une colonne, lui annonce la nouvelle. Elle acquiesce en silence. Le mur opaque et translucide semble nous dire : on ne peut rien dire de l'Incarnation.

Selon Daniel Arasse, le dispositif centré, donnant sur une porte close, est repris d'un modèle perdu de Masaccio, que Domenico Veneziano reprend à Florence vers 1440-50.

L'architecture est dissymétrique. Alors que la Vierge, à droite, est placée dans un espace clos, l'ange Gabriel se trouve dans un espace ouvert.