Dans sa définition traditionnelle, inventer, c'est trouver pour la première fois. On suppose que la chose trouvée (par exemple un objet, un dispositif technique ou une forme musicale) n'existait pas auparavant, mais on suppose également qu'elle n'est pas été tirée à partir de rien (ex nihilo). L'inventeur n'est pas un créateur au sens théologique. Il ne crée pas un monde. Il recourt à des règles lexicales ou syntaxiques établies pour agencer des éléments déjà disponibles dans une configuration nouvelle, inventée. C'est un événement, un écart dans l'usage habituel du discours. L'invention singulière doit surprendre, elle doit être inaugurée, commencer une histoire et être reçue. Traditionnellement, on associe cette capacité opérative au sujet humain. Ni Dieu, ni l'animal n'inventent.

Au 20ème siècle, la question de l'invention a beaucoup occupé les penseurs. On a parlé de contexte, de changement de paradigme, de coupure épistémologique. Quand un objet acquiert un statut nouveau, quand il se stabilise dans la langue, quand il s'institutionnalise à l'intérieur d'un système et d'un ordre, alors on parle d'invention.