Freud a perdu son père Jakob en 1896, alors qu'il était âgé de 40 ans. Cinq ans plus tôt, il avait reçu de lui une bible dédicacée où, dans un texte en hébreu, son père lui enjoignait de revenir à l'étude de la bible. Cinq ans plus tard, en 1901, alors qu'il avait déjà publié ses deux premiers livres et fondé la psychanalyse, Freud verra pour la première fois le Moïse de Michel-Ange, qu'il interprétera comme une figure de son propre père, marquant son mécontentement devant le manque d'obéissance de son fils Schlomo. Le rapport de Freud au judaïsme restera ambigu. Il ne publiera son Moïse et la religion monothéiste qu'en 1938.

Mais sa condition de Juif était importante pour lui. Il en a beaucoup parlé dans sa correspondance privée. En 1933, Hitler arrive au pouvoir. En 1934, il achève un premier jet de "Moïse et la religion monothéiste", un texte qui l'obsède. Entre l'histoire juive, les origines du christianisme et les mécanisme de l'antisémitisme, il veut trouver un lien.

On trouvera ici la retranscription de cette dédicace en hébreu imprimé, et sa traduction.

A l'âge de 78 ans, il revient à l'étude de la bible. De même que, après une période d'oubli [consécutive, selon Freud, à son meurtre], les enseignements de Moïse sont revenus au peuple juif, Freud lui-même obéit après-coup à son père. Tout se passe comme si la fatalité inexorable de la filiation faisait retour; malgré ses efforts pour s'identifier à un Moïse égyptien, Freud ressemble de plus en plus à son père.