1. Des lieux pour l'oeuvre.

cf : [Il faut, pour exposer une oeuvre, un lieu qui, malgré la mise en ordre, ne la restitue à aucun savoir ni aucune appropriation].

2. Le musée.

Le musée a une fonction double, ambivalente. D'un côté, il est le lieu institutionnel où le concept d'art trouve une expression; d'un autre côté, si l'oeuvre exposée est une digne de ce nom, il doit favoriser la perception d'un double débordement : de l'oeuvre elle-même, et de l'institution qui inscrit sur elle la marque de l'art. Comme machine ou dispositif, il fait de l'oeuvre en général (toutes les oeuvres qui y sont exposées) un objet canonique, susceptible d'être légitimement intégré dans la pensée critique et dans l'histoire de l'art. C'est une fonction politique, sociale, économique, policière et métaphysique, qui s'exerce à travers les parerga, ces éléments par lesquels l'oeuvre est bordée, limitée, décrite et interprétée (le parergon le plus immédiatement visible est le cartouche (ou cartel), mais il y en a beaucoup d'autres). Par eux, le musée transforme l'oeuvre dont il a la garde en objet catalogué, répertorié et reconnaissable; il s'affirme aux yeux du public comme un espace politique hiérarchisé. Ces parerga sont indispensables pour convaincre le spectateur que l'objet présenté est "une oeuvre [d'art]". "Art" est le mot ambigu où se logent ces contradictions.

Tout objet montré dans un musée comparaît devant la loi : sa présence dans ce lieu institutionnel prouve qu'il est une oeuvre d'art, et réciproquement la présence de l'oeuvre d'art prouve que le lieu réservé à cette pratique peut être classé dans une catégorie distincte, patrimoniale, nationale ou commerciale, qui appartient au champ de la "culture". La singularité de ce lieu, dont l'identité n'est jamais assurée, c'est qu'en lui la mise en ordre est indissociable d'un retrait du sens.

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Propositions

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