Derrida
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Manet, une discordance interne                     Manet, une discordance interne
Sources (*) : Derrida, reste, restance               Derrida, reste, restance
Michael Fried - "Le modernisme de Manet, Esthétique et origines de la peinture moderne, tome 3", Ed : Gallimard, 2000, pp189-191

 

Courses a Longchamp (Edouard Manet, 1864) -

Fried, Derrida, anti - théatralité

Dans "Courses à Longchamp" de Manet (1864), où le mouvement contraste avec l'immobilité, subsiste une "restance" irréductible, inintelligible

Fried, Derrida, anti - théatralité
   
   
   
L'oeuvre, sa restance L'oeuvre, sa restance
Manet : silence et perte de sens               Manet : silence et perte de sens    
Manet, l'inintelligible                     Manet, l'inintelligible    

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Cette aquarelle a servi d'étude préparatoire pour une oeuvre plus ambitieuse, Aspect d'une course au bois de Boulogne, réalisée en 1864 et présentée à la galerie Martinet en 1865. Mais Manet, mécontent, l'a découpée en plusieurs pièces dont seulement deux nous sont parvenues : deux restes, donc, qui s'ajoutent à cette aquarelle qui est elle-même le reste d'un projet abandonné.

 

 

Pour Michael Fried, c'est le contraste entre mouvement et immobilité qui caractérise en premier lieu cette oeuvre. A gauche l'immobilité; à droite le mouvement. A gauche les spectateurs de la course (dans le tableau), à droite les chevaux qui galopent vers le spectateur (en-dehors du tableau). A gauche une réalisation relativement soignée (pour une aquarelle), à droite une exécution rapide, sommaire, qui inverse le contraste des vitesses entre le bouvreuil et la grenouille du Déjeuner sur l'herbe. A gauche, certains spectateurs regardent le champ de course : ceux qui sont dans les voitures ou près de la barrière. Mais les spectateurs du premier plan (un homme en haut-de-forme, deux femmes au parapluie) ne semblent pas absorbés par la scène. La plus proche a le visage tourné vers nous, ainsi que l'homme à cheval sur la gauche. Ces visages sont indistincts, ils ne participent à aucune dynamique susceptible d'unifier le public de la course. Par rapport à l'ensemble de la composition, ils viennent en plus, en trop, comme un reste au sens de Jacques Derrida (dixit Michael Fried, p190, note 151). Il en est de même du poteau dont le cercle se détache sur le ciel, au flanc du coteau. Vide et abstrait, il attire le regard du spectateur, il le dévisage, selon Michael Fried, à la façon de Victorine Meurent dans le Déjeuner ou dans Olympia - c'est-à-dire sans aucune profondeur psychologique ou subjective.

 


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