Dans toute réponse, même modeste, même négative, il y a un "oui". C'est le premier enseignement abrahamique, qui vient avant tout autre enseignement : "oui, me voici, je suis ici, je suis prêt". Sans cet acquiescement impliqué dans toute réponse, sans cette présentation de soi (indépendamment du contenu déterminé de la réponse), il ne peut pas y avoir d'adresse à quiconque.

Ce oui originaire est préalable à toute parole, c'est un lieu indéracinable dont nous héritons. Il survit à tous les désaveux, à toutes les dénégations, au doute, au scepticisme et à la critique. Il précède toute croyance, tout lien, toute prise de responsabilité.

Dans ce contexte, Derrida répond "oui" à la demande qui lui est faite de parler du judaïsme (ou plus exactement : de plus d'un judaïsme, des judéités). Le mot "juif" est (pour lui personnellement) plus élémentaire encore, plus ineffaçable que le oui originaire dont il est impossible de se départir. Il est plus près de son corps qu'un vêtement, plus près que son corps même.