Artaud avait une voix et un concept de la voix, un concept de l'élocution, de la dramaturgie de la voix tout à fait unique. Dès lors qu'on a entendu sa voix (Jugement de dieu), on ne peut plus le lire de la même façon. Le lire devrait impliquer qu'on ressuscite sa voix, qu'on le lise en l'imaginant en train de proférer ses textes. Je ne connais pas d'écrivain dont la profération soit si présente au texte écrit.

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Dans la page ci-contre, dessinée par Artaud entre Ivry et Paris en mai 1947, on voit Paule Thévenin "écouter" le poète Jacques Prevel. Plus tard, Paule Thévenin a écrit un livre en commun avec Jacques Derrida sur les dessins d'Artaud. Est-il abusif d'imaginer qu'il s'agit, aussi, d'Artaud parlant dans l'oreille de Derrida?

Le texte écrit de la main d'Artaud est partiellement illisible : La vilaine graine de l'être pense ... ... ... ... l'espérance.

Paule Thévenin a ultérieurement publié les oeuvres compètes d'Antonin Artaud. Quand à Jacques Prével, qui lui murmure dans l'oreille, c'est lui qui s'est permis d'effacer certains mots à la marge d'un dessin.