Dès l'Esquisse (1895), les concepts d'après-coup (Nachträglichkeit) et de retardement (Verspätung) sont présents. Ce sont eux qui sont irréductibles et qui déterminent les autres concepts freudiens (plus que la distinction entre primaire / secondaire, reconnue comme fiction théorique). La vie n'est pas d'abord une présence qui s'ajournerait, se différerait dans le temps; elle se constitue en se protégeant contre les menaces par un retard originaire, des différences pures qui se traduisent par ce que Freud appelle le frayage.

Freud met en oeuvre ces concepts (après-coup et retardement) dans la psychanalyse de l'individu, mais aussi pour rendre compte de l'histoire de la culture. Derrière la théorie de la mémoire et les spéculations sur les neurones, il y a des différences de situation, de lieux (topiques), de milieux, de connexions. Certains neurones ne procèdent d'aucune quantité, mais du temps pur, de la périodicité discontinue. Freud fait appel de façon toujours plus radicale au principe de la différence; il développe obstinément le projet de rendre compte du psychisme par l'espacement, une topographie des traces, une carte des frayages à travers différents schémas et modèles, y compris la pulsion de mort.

Cette découverte est aussi celle de l'archi-écriture.