Selon Kant, le jugement de goût est une faculté de juger et d'apprécier un objet en relation à la "légalité libre" de l'imagination. Qu'est-ce que cette légalité libre? La formulation paraît contradictoire - et Kant ne nie pas cette contradiction. Il la théorise même, il en fait une antinomie irréductible.

Dans sa liberté, l'imagination est productive et spontanée. Elle n'est pas soumise à la loi de l'entendement, mais à sa propre loi, qui implique d'échapper à toute contrainte pesante et de développer son propre champ (fictions, fantaisies, visions). Une imagination soumise à une loi extérieure, objective, serait ennuyeuse et sans charme. L'imagination doit être en accord avec la légalité de l'entendement en général (car elle se conforme à une loi, et seul l'entendement donne la loi), mais le goût ne se discute pas. Il est subjectif. L'imagination ne doit pas être soumise à une fin objective, mais à une pure contemplation subjective, sans concept ni finalité.

Avec ce que nous appelons beau, c'est l'entendement qui est au service de l'imagination, et non pas l'imagination qui est au service de l'entendement (p1007). L'imagination est libre, car elle ne dépend d'aucun autre intérêt qu'elle-même.

Pourtant le jugement de goût est partagé, échangé. Même s'il est personnel, un jugement peut valoir pour tous. Il postule la possibilité d'un plaisir et d'une voix universelle.

Kant compare les propriétés du jugement de goût à celles du jugement moral. En généralisant ses propriétés à la faculté de jugement en général, il enferme l'esthétique dans une théorie du jugement.

Pour Jacques Derrida, l'imagination est pure auto-affection. Elle ne se conforme pas à sa propre loi, mais à son propre processus, qui n'est libre que s'il est imprévisible.

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Propositions

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