Cette formulation retenue par Kant repose sur les deux caractéristiques du jugement de goût exposées dans les §32 et 33 :

- Le jugement de goût porte sur la satisfaction de chacun (son plaisir ou son déplaisir) en tant que sujet qui revendique son autonomie. Même si l'on se réfère à des modèles, même si l'on s'inspire d'autres exemples, on ne peut s'appuyer que sur ses propres dispositions.

- Le jugement de goût ne peut pas être déterminé par des arguments probants. L'assentiment d'autrui peut avoir une influence, mais il ne peut pas servir de fondement à un jugement esthétique. Les règles établies ou les opinions des critiques ne constituent jamais une preuve. De même que je ne peux goûter un plat qu'avec ma langue et mon palais, je ne peux énoncer aucun principe universel qui s'appliquerait à autrui.

En conséquence, si l'on veut expliquer le jugement de goût, il faut rechercher non pas des explications sur ce qui est beau, mais les facultés de connaissances et les opérations mises en oeuvre à l'occasion de ces jugements (ce que Kant a appelé la voix universelle, par opposition au raisonnement universel).