De tout temps, les peintres d'Annonciation ont privilégié la colonne. Tous la contemplent : l'ange, la Vierge et le spectateur. C'est un axe, un seuil, une figure du dépassement de l'histoire. Autour d'elle s'organise une symétrie qui distribue les lieux de l'ange et de la Vierge. Un escalier, un banc, une alcôve déterminent un espace sacré. Au centre, la colonne est à la fois l'humanité et la divinité du Christ. Elle est colonne de feu et nuée comme dans l'Exode, elle est les anges, les apôtres et les prédicateurs, elle est la rectitude, elle est l'intériorité de l'esprit, une figure de la conscience autour de laquelle s'organise une hiérarchie, une architecture. Elle est la colonne au singulier et la montée vers le mystère. Elle conduit à la conversion. Ici, elle est blanche, lumineuse, mais dans d'autres cas le peintre y met des couleurs, des lettres, des dorures, il l'impose au regard, puissante, majestueuse ou ambiguë, ou il l'efface dans un fond mystique, il en fait un pont entre la réalité actuelle et la parole divine. C'est un entre-deux, un entre-trois, le lieu de l'écart infranchissable et du mystérieux trajet.