Goya tombe malade et devient sourd pendant les derniers mois de 1792, au moment où ont lieu les terribles massacres de septembre à Paris, où seront assassinées, entre autres, des folles et des prostituées. Le 21 janvier 1793, Louis XVI sera décapité. Cet événement a secoué dans leurs fondements les sociétés de toute l'Europe. La Terreur est moins une crise dans l'histoire d'une nation que la mise en question d'une structure de la pensée qui avait régi l'Occident. S'effondrent les idées d'ordre social et de contrôle sur soi-même.

Un an plus tard, Goya peindra le Préau des fous à Sarragosse. L'artiste des temps nouveaux doit-il laisser la pulsion s'emparer de l'oeuvre? (p50). David répondra négativement et restaurera l'ordre par la peinture. J'ai vu dit Goya. Il tient à rester fidèle au voir, sous le non-sens qui déferle et les hurlements des fous. Le regard est ouvert sur le néant. La vérité peut surgir des ruines de l'illusion (p51). Dans ses esquisses apparaissent les mêmes rictus, grimaces et convulsions.

Goya radicalisera encore sa position avec sa seconde maladie (1819-20) et les peintures noires.

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Ce regard stupéfait et angoissé est celui des participants à la messe noire du Grand Bouc (1797). Ils ont tout oublié. Les voix qui parlaient en eux (de la conscience, de la raison, de la religion) se sont tues, et ce qui vient à cette place est totalement inconnu.