La photographie peut rendre fou, car je crois voir revivre ce qui est mort. Pour nous protéger contre cela, on peut, comment l'explique Roland Barthes, faire de la photographie un art.

Citation : "La société s'emploie à assagir la Photographie, à tempérer la folie qui menace sans cesse d'exploser au visage de qui la regarde. Pour cela, elle a à sa disposition deux moyens. Le premier consiste à faire de la Photographie un art, car aucun art n'est fou. D'où l'insistance du photographe à rivaliser avec l'artiste, en se soumettant à la rhétorique du tableau et à son mode sublimé d'exposition. La Photographie peut être en effet un art : lorsqu'il n'y a plus en elle aucune folie, lorsque son noème est oublié et par conséquent son essence n'agit plus sur moi (...)" (Roland Barthes, La chambre claire, p180).

On peut aussi la banaliser. Dans un monde où les images sont plus vivantes que les gens, la jouissance passe par l'image, mais c'est une image stéréotypée, généralisée, qui déréalise le monde humain sous couvert de l'illustrer. Les sociétés consomment des images, et non plus des croyances. Elles produisent un monde sans différences, ennuyeux.

On peut se démarquer de cela en affrontant dans la photo l'intraitable réalité : retourner le cours du temps par une extase photographique, un réalisme absolu, originel.