La relation avec l'Autre ne consiste pas à supprimer la séparation, mais à aller vers lui à travers le désir. L'idée de l'extériorité ne part pas du moi ou des besoins du moi, mais de l'absolument autre. Cette idée n'est pas à la mesure du penseur. C'est une idée de l'infini, dont le mouvement part du pensé, et non pas du penseur. Elle ne se révèle ni naturellement, ni objectivement, mais par l'impossibilité même de mesurer son ampleur. Le désir est démesure. C'est cette démesure qui est Visage. Tandis que le besoin part du sujet, l'aspiration animée par le désir par de l'"objet".

Celui qui cherche la vérité dans l'autre ne manque de rien. L'autre lui parle. Son désir vient de la présence de l'autre. Il n'en attend rien : c'est un besoin luxueux, tourné vers la vérité et la justice. Il est au-dessus de l'être, et peut même sacrifier son bonheur à son désir. Ce désir n'est ni nostalgique, ni assouvissable, non pas en raison du manque, mais du fait de notre finitude. Dirigé vers l'autre, vers l'étranger, il s'éprouve dans la séparation.