Derrida
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de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Le principe de l'oeuvre, sans condition                     Le principe de l'oeuvre, sans condition
Sources (*) : Un principe s'affirme, il ne se démontre pas               Un principe s'affirme, il ne se démontre pas
Pierre Delain - "Pour une œuvrance à venir", Ed : Guilgal, 2011-2017, Page créée le 16 oct 2014 Au - delà de l'être : l'œuvrance

[Principe de l'oeuvre : ce qui a lieu dans une oeuvre s'affirme inconditionnellement, en-dehors de tout calcul, de toute finalité et de toute transaction]

Au - delà de l'être : l'œuvrance
   
   
   
(CinéAnalyse) : en affirmant inconditionnellement l'oeuvre (CinéAnalyse) : en affirmant inconditionnellement l'oeuvre
Orlolivre : comment ne pas œuvrer ?               Orlolivre : comment ne pas œuvrer ?    
                       

1. Les "Il faut", dans l'œuvre même.

En contraste avec de nombreuses notions qui, dans la vie courante, se traduisent par des transactions, des négociations ou des compromis, Jacques Derrida a développé des concepts dont il dit qu'ils sont purs, infinis, inconditionnels, irréductibles. C'est le cas, entre autres, pour : l'hospitalité, le don, le pardon, la justice, la responsabilité, la paix, la tolérance, la liberté, le respect, l'amitié, le génie, l'ouverture à l'avenir, etc. Ces concepts posés comme paradoxaux, intempestifs, sont-ils seulement des abstractions, ou bien peut-on dire qu'ils agissent dans l'œuvre même? Dans l'œuvre, ils n'exigent ni actions, ni préconisations, mais l'aveu de l'impossible. S'il existe un concept singulier de l'œuvre chez Derrida, un concept attaché à l'acte d'œuvrer, à l'œuvrance comme telle, alors ce concept ne peut se dire que "comme" principe, comme modalité principielle du "comme si". Le voici : Ce qui a lieu dans une oeuvre s'affirme inconditionnellement, en-dehors de tout calcul, de toute finalité et de toute transaction.

Dans cette formulation, l'accent est mis sur l'exclusion de toute forme d'endettement ou d'intérêt. Une œuvre digne de ce nom, au sens derridien du terme, ne peut entrer dans aucun système d'échange, aucune économie. Elle n'appelle ni reconnaissance, ni rémunération, ni même satisfaction ou plaisir. C'est un don absolument pur, qui n'attend aucune gratitude, n'espère aucune gratification et ne peut se soumettre à aucune évaluation. Ce principe, bien sûr, est irréalisable dans la pratique, il est impossible et l'aura été, de bout en bout, pour Derrida lui-même, mais il reste inscrit dans l'œuvre et désormais il nous hante. Comme les autres principes, il est indémontrable. Qu'il vienne en dernier, en "plus de", n'implique nullement que ce soit un principe des principes, un métaprincipe. Il n'y a ni métaprincipe, ni dernier mot, mais seulement des énoncés suspendus à d'autres énoncés, qui laissent une trace ou n'en laissent pas. Ce qui arrive dans une œuvre n'est justifié par aucune logique. Ça se passe comme ça, ça se passe dans la vie.

 

2. Observations.

a. Le principe de l'œuvre n'a pas d'autre autorité ni légitimité que celle qui résulte de son affirmation souveraine. Il ne tolère ni argumentaire, ni justification. On y acquiesce ou pas, mais on ne peut pas le discuter : il est indiscutable.

b. Il est incalculable. Aucune logique, aucun raisonnement, aucun ordre de causalité, n'y conduit. Il s'entend, mais il est étranger à l'entendement.

c. Il n'a pas de finalité. Un principe peut inviter à la justice, à une responsabilité sans limite, ouvrir promesse et messianisme, sans proposer ni même envisager aucun but final.

d. il est indissociable de la déconstruction - si l'on entend par ce mot non pas une théorie, mais un mouvement, un engagement dans un acte d’écrire que l’on peut qualifier d’œuvrant. L'œuvrance ne reconduit pas seulement la différance, elle opère autre chose : une exigence radicale, absolue, inconditionnelle, celle du principe en tant que principe, de la principialité.

 

 3. Faire œuvre.

L'énoncé de ce principe est venu par la lecture de l'ensemble de l'œuvre derridienne. Il aura fallu que d’autres principes inconditionnels soient isolés pour que cette formulation surgisse comme telle, dans sa "pureté", avec un certain décalage, un retard. Mais on peut la lire aussi, après-coup, dès la matrice théorique annoncée au début de De la Grammatologie (p7) ou dans les présupposés du premier livre publié, La Voix et le Phénomène. Dès le commencement, l'impératif Il faut faire œuvre exigeait de produire une œuvre inconditionnellement, c'est-à-dire d'effacer les limites traditionnelles, institutionnelles et historiques de ce qu’on appelle usuellement l’œuvre. C'est, peut-être, cet impératif qui a conduit à l'écriture de Glas.

Sans aucune détermination préalable, sans aucune soumission aux catégories courantes de la rhétorique ou de la logique, il faut accueillir dans l’œuvre, en œuvre, le principe. Celui-ci étant inacceptable en pratique, toutes les œuvres qu'on pourrait mentionner, quelle que soit la façon dont elles sont publiées ou énoncées, témoignent des compromis nécessaires à la fabrication effective d’un corpus qui réponde à ces exigences. Mais la conditionnalité inévitable ne change rien à l’œuvrement pur que je cherche à isoler. Celui-ci peut être analysé comme une émergence poétique, l’ouverture d’un espace sans horizon. Il n’est pas lié à un statut particulier comme celui d’intellectuel ou d’écrivain, ni à un savoir ou une technique particulière, mais peut valoir pour n’importe qui, y compris l’enfant, l’animal, ou (peut-être, mais nous ne pouvons rien en savoir) n‘importe quel vivant. Il n'est pas interdit, pour le nommer, de parler de beauté ou d'œuvre d'art, mais alors on fait l'hypothèse d'un art ou d'une beauté inconditionnels, c'est-à-dire une beauté sans esthétique, un art sans art.

 

4. Autres auteurs.

Dans En ce moment même dans cet ouvrage me voici, un texte dont la première version date de 1980, Jacques Derrida explique que c'est l'œuvre d'Emmanuel Lévinas qui l'aura obligé, à quoi? Disons : à mettre au premier plan l'inconditionnalité comme telle. Le principe tel qu'énoncé vaudrait donc aussi pour Lévinas, en tant que liturgie de l'autre. Il vaudrait peut-être aussi pour Maurice Blanchot dans son exigence de retrait. J'ai montré aussi par ailleurs qu'il peut fonctionner, chez Derrida, comme opération auto-immunitaire (vaccination).

 

 

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Propositions

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Une oeuvre, il ne faut rien lui rendre, il faut la lire sans dette, sans faute, au-delà de toute restitution possible, dans l'ingratitude absolue

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[L'œuvre d'Emmanuel Lévinas "aura obligé" Jacques Derrida à mettre en oeuvre, par son Oeuvre, l'inconditionnalité comme telle]

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Toute oeuvre est hantée par le juste nom de l'"oeuvre", pour lequel elle déclare son respect et jure sa fidélité

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Peut-être faut-il, pour répondre "Oui" au "Viens" de Blanchot, laisser se perdre son nom, appeler - comme une oeuvre ou un enfant perdu - un tout autre nom, un nom sans nom

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Le calcul derridien, qui se donne pour fin de déjouer le calcul, ne peut se démontrer ni dans les textes, ni dans les institutions académiques : "ça se passe dans la vie"

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En oeuvrant, Jacques Derrida ouvre la scène d'une langue, il donne le don des langues, il fait don du don

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Le don est l'effet de rien : imprévisible et inexplicable, il doit, comme l'événement ou la création, perturber l'ordre des causalités

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Le don de Lévinas au lecteur, c'est la possibilité d'être livré à une responsabilité sans limite, de s'obliger librement à la dislocation du même

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Une oeuvre se donne et se rend au-delà de l'échange, en supplément, par-dessus le marché, comme on rend la justice

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[Chez Lévinas, le principe de l'oeuvre se donne comme liturgie de l'autre]

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[Pour Blanchot, le principe de l'oeuvre ne se donne qu'au prix de la disparition du "propre"]

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[L'art sans art]

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Un lieu sans finalité

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