2008.

- Cloverfield (Matt Reeves).

Un film peut témoigner en l'absence de ceux qu'on aurait pu considérer comme des témoins. Dans cette histoire, les témoins disparaissent dans le cours du film. De l'événement relaté, il ne reste qu'une pellicule - ce qui après tout est le cas général, l'essence même du cinéma. On peut dire que tout film, ou n'importe quel film, est un témoignage. Ce n'est pas l'auteur qui témoigne, ni les personnages, ni les acteurs, c'est le film lui-même. Il suffit qu'on le regarde ou qu'on l'écoute, il suffit qu'il soit présent, et "ça" témoigne de ce qui est montré. Et même si la question "qui est ce ça?" n'est posée par personne, il y a un "qui" derrière, et même si, dans le contenu du film, il est question de témoignage, ce "qui" est souvent difficile à déterminer. Dans le cas de Cloverfield, le tournage en caméra subjective met en abîme la dimension "témoignante" du film.

2017.

- The Third murder (Hirokazu Kore-Eda).

Dans ce film, aucun témoin n'est crédible, de sorte que c'est le témoignage comme tel ou la possibilité même du témoignage qui est mis en question.

2019.

- L'ombre de Staline, aka Mr Jones (Agnieszka Holland).

C'est le cas le plus classique du témoin qui a vu quelque chose de ses propres yeux mais qu'on ne croit pas. Dans ce cas particulier, ce jeune journaliste est peu crédible à cause de sa jeunesse et du fait qu'il s'est fait passer pour un diplomate. En outre des forces puissantes, en Grande-Bretagne, en Russie, aux USA et ailleurs, ont intérêt à ce qu'il ne soit pas entendu. Il faut donc le déconsidérer, le censurer, notamment pour préserver les possibilité d'accord avec Staline contre Hitler (on est en 1935). La question de la vérité ne se pose que beaucoup plus tard. Si aujourd'hui on connaît assez bien les faits, la question de la qualification de l'Holodomor en génocide est plus compliquée. Un témoignage crédible ne résoud pas tous les problèmes de définition.

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Propositions

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