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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Derrida, circularités, dette, économie | Derrida, circularités, dette, économie | ||||||||||||||||
Sources (*) : | La pensée derridienne : ce qui s'en restitue | La pensée derridienne : ce qui s'en restitue | |||||||||||||||
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 26 juin 2020 | Orlolivre : comment ne pas (se) sacrifier? | [Derrida, cercles, circularités, dette, échange, économie] |
Orlolivre : comment ne pas (se) sacrifier? | Autres renvois : | |||||||||||||
Derrida, le temps |
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Le simple rapprochement de ces mots : circularité, dette, échange, économie, auxquels pourraient s'ajouter : culpabilité, rétribution, réparation, retour, voire calcul, sacrifice, etc., cela dessine un ensemble, une sémantique de l'enfermement de laquelle nous pourrions craindre de ne pas sortir - si cette sémantique elle-même n'incluait pas, en elle-même et en plus, ses débordements.
1. Le cercle de la dette. Préserver les cycles vitaux est une nécessité. Il le faut sur les plans physique, matériel, biologique, et aussi généalogique, psychologique, etc. Cette préservation prend des formes multiples : il faut observer la loi, respecter la vérité ou ce qui se présente comme tel, s'acquitter de ce qu'on doit, ordonner l'écriture à l'archive, etc. Le circuit vital exige son lot d'obligations et de commandements. Nous avons un devoir par rapport à ces cycles, une dette qui nous oblige à répéter, à créer et entretenir des institutions, à imiter et reproduire ce qu'ont fait les pères, les prédécesseurs. Ces devoirs convergent dans la figure du cercle qui est un symbole, le symbole du symbolique même, qui implique les idées d'échange, de circulation, de retour au point de départ. Le corrélat de ces obligations, antérieur à la subjectivité, la volonté, la conscience, est la culpabilité. Pour préserver le cercle, il faut s'en prendre aux perturbations, qu'elles soient vécues comme externes (immunité) ou internes (auto-immunité) - ce qui est parfois difficiles à distinguer. Il faut modifier le cercle, le transformer, l'écarter de son circuit initial. En exigeant toujours une nouvelle dette, la circularité entretient son insolvabilité. Si le cercle ne peut pas revenir identique à lui-même, il ne peut pas non plus y avoir d'innocence.
2. Anneau. La circularité, affectée par le temps, se structure en anneau. L'événement revient à la même place, comme le soleil, mais pas à la même date, donc ce n'est plus le même événement. Il ne peut répéter le retour du même que comme autre, il ne peut s'allier avec lui-même que par réitération.
3. Économie. Tout ce qui se rattache à la vie, ses domaines et ses champs, est pris dans des séries de manèges circulaires : société, psychisme, culture, histoire, science, esprit, etc. Il faudrait, pour bien faire, que le discours les unifie, les classe dans des systèmes stables qui conforteraint les différences, les distinctions, l'interlocution, la négociation, le désir, la raison, etc. Pour équilibrer ce travail logique infini, interminable, pour répondre à cet appel logocentrique, il faut en passer par l'échange.
4. Pouvoirs. La parole et l'écriture ont toujours été associées à des phénomènes de pouvoir. Elles impliquent autorité, hiérarchie, structure sociale. Pour rassurer, maîtriser, contrôler les altérités, il faut une stabilité. Dans la tradition grecque, elle s'est appuyée sur le logos et son corrélat linguistique, le phonocentrisme. Il faut stabiliser, cristalliser un arrêt.
5. Retours. Les thématiques de l'origine, du chez soi, de la redécouverte du point de départ, sont suspendues à cette dynamique qui est aussi une mécanique.
6. Pensée. Pour les penseurs, les idéologues, les philosophes, penser droit, c'est souvent penser en rond. Même à ceux qu'il cite abondamment, Derrida ne cesse d'en faire le reproche. Heidegger multiplie les cercles et les encerclements (présuppositions, authenticité - de la mort ou de la langue allemande) qui sont autant de retours chez soi. Freud, par exemple, a toujours voulu intégrer sa pensée dans une économie ; l'homéostasie, le principe de plaisir, la pulsion de mort. C'était la dimension scientifique de son travail, à laquelle il ne pouvait pas renoncer.
7. Surabondance. Les mots ne se laissent pas arrêter. Derrida nomme différance ce qui fait tourner l'économie par un double mouvement : d'un côté la production inarrêtable du "différer", le lieu énigmatique, étrange, impensable, où insiste la différenciation, l'excès, et d'un autre côté le rapport réglé avec ce qui est excédé. Faire tenir l'économie exige à la fois un rapport au tout-autre et une régulation, l'impossibilité de la présence et un détour dans l'élément du même. Dans la culture, l'esprit, l'histoire et aussi dans l'art, se révèle, par auto-affection, le cercle ouvert, infini, de la différance. Cette image équivoque, aporétique, du cercle ouvert, suppose un centre actif qui fuit la récurrence, un centre vide, percé, incertain, indéterminé, qui transforme le cercle en spirale ou en anneau.
8. Brisures. Briser le cercle, ce n'est pas seulement l'ouvrir ou faire effraction. Le briser, c'est le briser inconditionnellement, par un don qui casse l'échange. Ce n'est pas un décalage, un écart, c'est une dislocation absolue de tout contrat - une dislocation sans nom, immédiate. Il n'y a plus rien à rendre ni à restituer. Il ne reste rien du même ni d'aucune de ses figures : le cercle, le pacte, la dette, la reconnaissance, la réciprocité, l'anneau. |
-------------- Propositions -------------- -Le pouvoir de l'écriture est lié à la différance politique : hiérarchisation, structuration économico-sociale, délégation de l'autorité -La différance est l'économie qui met en rapport l'altérité radicale ou l'extériorité absolue avec le champ clos et hiérarchisant des oppositions différentielles -La différance rassure dans une économie, elle met en réserve; la refuser, c'est refuser l'oeuvre et aussi se protéger contre le retour des différences -Le mot "différance" dit le rapport de deux mouvements : économie et anéconomie, médiation et altérité radicale -La différance, concept économique désignant la production du "différer", est plus originaire que la différence ontico-ontologique -"Vouloir-dire le doute hyperbolique", tel est l'acte philosophique cartésien d'ouverture absolue, dont la structure de différance ne peut s'écrire que dans l'économie d'une raison -Le cercle est un symbole, le symbole du symbolique même - qui se produit dès qu'un sujet arrête le don -Pour celui qui exige la raison, la vérité, la science, une hypothèse absolue ou "anhypothèse" s'impose : "Une économie générale de l'esprit, logocentrique, unifie la culture" -A l'origine du graphein (écriture ou dessin), il s'agit d'observer la loi, d'ordonner par une archive, par la grâce du trait, la vérité à la dette -Le système de la "parole vraie et authentique" s'appuie sur la responsabilité dans son sens le plus humaniste : s'acquitter adéquatement de ce qu'on doit (devoir et dette) -[Dans l'art se révèle, par auto-affection, le cercle ouvert, infini, de la différance] -Freud travaille sans cesse à rendre raison de l'anéconomie, à vouloir la réintégrer dans une économie -Dans sa démarche, Heidegger multiplie les cercles et les encerclements -L'oeuvre d'E.L. aura donné à penser une Oeuvre qui, avant même ce qu'elle en aura dit, aura obligé à une dislocation absolue de tout contrat, endettement ou circularité |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Derrida DerridaCercle AA.BBB DerridaCheminementsLB.CE.RCL CulpaDetteDF.LDF BN_DerridaCercle Rang = zQuoisCercleDetteGenre = - |
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