Jacques Derrida évite une formulation qui pourrait sembler plus simple : Le mot est l'unité du signifiant et du signifié. En effet, si on emploie les termes saussuriens, signifié et signifiant sont séparés par une barre. Au contraire le mot est unité, dit-il. Entre quoi et quoi? d'une part la phonè qui est la voix animée par l'intention, par le souffle; d'autre part le sens présent, le sens vivant. Le mot n'est pas qu'une unité linguistique; c'est une expérience, un vécu.

Le mot, qui est le verbe, semble irréductible. Tout langage n'est-il pas un langage de mots? Pourtant Derrida pense qu'il est déconstructible. Si l'on déconstruit le mot, le mouvement emporte avec lui l'être, la présence et aussi l'idéalité. Si notre époque est celle de la phonè, la déconstruction du mot (du mot en général, pas de tel ou tel mot) emporterait aussi le privilège du présent qui la caractérise.

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A quoi Jacques Derrida pense-t-il quand il parle de la déconstruction d'un langage de mots? Peut-être à certaines expériences artistiques comme les poèmes de Raoul Hausmann ou de Tristan Tzara, ou bien à Karl Schwitters avec son Ursonate... Il semble que dans ces cas le privilège de l'"être" soit détruit, l'intention des auteurs serait d'éliminer l'expression et le présent-vivant, même si l'on reste, comme chez Artaud, dans la profération vocale.