L'homme à la pipe semble observer une danseuse, sur la scène du Cabaret Reichshoffen vers la gauche, qui diffère sensiblement du tableau d'origine dont celui-ci est une variante. Dans cette version, Manet a donné un autre sens à la posture de la serveuse. Alors que l'on reproche souvent à Manet l'absence d'expression de ses personnages, voici une jeune femme qui se tourne vers elle-même, comme la serveuse du Bar aux Folies-Bergères. Elle donne l'impression d'avoir découvert quelque chose, une vérité qui lui traverse l'esprit et qui la délivre de cet espace clos où elle est obligée de passer ses soirées. Tout son être est orienté vers cette vérité intérieure, peut-être encore seulement virtuelle. Elle attire l'attention en-dehors du tableau, vers une extériorité qui se situe quelque part vers nous, mais n'est pas représentée. Il existe une autre scène où la même serveuse est en train de se désaltérer sans complexe. Pourquoi se gêner? Ce monde du cabaret n'est qu'une fiction, le vrai monde est en moi.