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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Derrida, sur sa vie | Derrida, sur sa vie | ||||||||||||||||
Sources (*) : | Derrida, la déconstruction | Derrida, la déconstruction | |||||||||||||||
Jacques Derrida - "Trace et archive, image et art", Ed : INA, 2002, p133 - |
Par la déconstruction, Jacques Derrida a voulu réparer l'injustice faite à son père |
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Serge Tisseron pose à Jacques Derrida une question à propos du carrelage mal ajusté de la maison de son enfance. Pendant ses 19 premières années, il a été dérangé par ce défaut, il aurait voulu le réparer. Plus tard, il a travaillé sur le déconstruction. N'y a-t-il pas là un paradoxe? Quel est son but, la construction ou la déconstruction? Et Jacques Derrida de répondre en citant Hamlet, quand il dit que "The time is out of joint". Je suis né "to set it right" dit Hamlet, puis il ajoute : "Pour remettre à l'endroit, pour réparer l'injustice faite à mon père". Quel père? Les deux. Celui qu'il cite (Hamlet) et le sien aussi, ce qui pose de nouvelles questions. De quelle injustice s'agit-il? En quoi un carrelage mal ajusté peut-il être considéré comme une injustice? Et comment la réparer? Ecoutons-le, il raconte une anecdote : "Mes parents ont acheté cette maison qu'ils ont fini de payer à la veille de l'indépendance et ils sont partis alors que mon père venait de finir de payer sa dernière traite". Est-ce cela l'injustice? Une dépossession due à un événement violent, la décolonisation et la constitution d'un Etat? Ce grand ennemi de toutes les appartenances et de toutes les appropriations, ce théoricien de l'exappropriation, voulait-il rendre à son père cette propriété qui avait été épurée de toute dette? On le croit difficilement et pourtant telle est la plainte qu'on pourrait entendre ou imaginer : "Voilà où j'habitais avec ma famille, en ce lieu mal fichu, mal terminé, mais qui méritait quand même ce nom de lieu, et maintenant je suis dans l'errance. Je ne récupérerai plus jamais cet endroit ni aucun autre. Il faut partir différemment, partir de cette errance, de cette malfaçon pétrifiée, et vivre dans le mouvement". En devenant un professeur, un enseignant respecté, Jacques Derrida réparait cette injustice. Mais la reconnaissance ne suffisait pas. Il fallait, en plus, mettre en oeuvre la déconstruction. |
Le carrelage de la maison d'El Biar avec, au premier plan, le carreau posé à l'envers. On dit que pour certains artisans algériens, ce type de malfaçon est une sorte de signature. En laissant "quelque chose qui ne va pas", on garde la mémoire d'une singularité, d'une cicatrice, la marque d'une blessure.
C'est Jacques Derrida lui-même qui attire l'attention sur ce carreau qui, pour lui, est un "lieu de mémoire". Depuis son enfance, il pensait le remettre à l'endroit, réparer cette chose mal fichue, mal placée, qui l'affectait, qui l'arrêtait dans sa marche à lui, dans son corps. Il le ressentait à la fois comme un défaut, un désordre, une dislocation qu'il fallait réparer, et une fixation, une pétrification, un scellement, une butée dans une marche qu'il fallait remettre en mouvement. Comment déplacer ce carreau? Comment le desceller, sans violence? C'est toute la question de la déconstruction. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Derrida DerridaBiographie 1933.IN.KII DerridaDeconstructionVE.LEV YDerridaReparation Rang = YDerridaReparationGenre = MH - NP |
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